Paul de Marcq de Tiège ( Tirlemont , 28 fév. 1784 – Ottignies , 6 sep.1866 ): témoin de l’industrialisation de la région
Baron par hérédité mais commissaire voyer de son état, il va vivre l’industrialisation du pays après la déclaration de l’indépendance nationale en 1830.
C’est une époque où tout est à faire. Elu bourgmestre en 1819 sous le régime hollandais, Paul de Marcq de Tiège participe, dès 1831, à l’élaboration de l’Atlas des Chemins qui sera publié en 1843. C’est un document très important pour la fixation du Cadastre et l’alignement des voiries. Celui-ci est souvent sujet à controverse. Chacun réagit selon son intérêt.
D’autant plus quand il s’agit d’ouvrir une nouvelle chaussée comme celle qui reliera Wavre à Genappe par le centre d’Ottignies, juste sous les fenêtres du château. Lors d’une réunion tenue dans la cité du Lothier, Paul de Marcq est pris à partie par les fermiers qui craignent voir leur main-d’œuvre émigrer vers les usines en cours de construction dans la vallée de la Dyle.
Et pourtant, ces braves fermiers ne sont pas au bout de leur peine. A peine la nouvelle chaussée est-elle rendue à la circulation que l’on parle déjà de l’établissement d’un chemin de fer. Les expropriations vont bon train (c’est le cas de le dire !), au grand dam des riverains des futures voies ferrées. Comme le dira si bien un chant patriotique : ‘Le siècle marche et pose ses jalons...’. En fait de jalons, ce sont plutôt des traverses qui sont posées sur les remblais qui défigurent le centre de la localité !
Ainsi, Ottignies se modernise. Le Conseil communal ne se réunit plus dans un café ou dans la salle à manger du baron. Une maison communale et une école2 ont été construites à l’entrée de la ruelle Lucas. C’est plus confortable et plus 'neutre'.
Si le train et la route drainent une importante activité économique dans la région, les choses se gâtent dans les années 1860. En Amérique, la guerre de Sécession fait rage. Le coton des sudistes n’arrive plus en Europe. Dans les filatures, c’est la crise. Paul de Marcq décide d’employer les ouvriers au chômage pour paver les rues du centre. Ainsi fait-il d’une pierre deux coups : il embellit sa commune et il donne du pain à la classe ouvrière... Ce sera sa dernière action d’éclat. Il s’éteint en 1866, après 47 ans de mayorat.
Joseph Desmet.
in OKGNI n° 27, mars 2004, pp. 10 et sq.