Avec clairvoyance, les autorités locales pressentent le futur éclatement de l’Université Catholique de Louvain implantée depuis 1425 dans cette ancienne capitale du duché de Brabant. De plus en plus clairement, l’opinion flamande affiche son aspiration à une totale autonomie culturelle et fait pression en vue du départ de l’aile francophone. Cette revendication connaît son apogée avec la crise du « walen buiten » en 1968.
Dès 1962-1963 cependant, de premières approches sont menées et l’UCL prend le pouls de plusieurs communes du canton de Wavre. La vocation d’Ottignies se révèle alors de manière décisive quand, le 14 juillet 1966, par la voix quasi unanime de son Conseil, elle répond positivement à l’appel de l’université.
Le choix du plateau de Lauzelle étant posé, les premières dispositions prévoient la cession d’une superficie de 150 hectares. L’arrêté royal du 30 septembre 1968 autorise l’expropriation pour cause d’utilité publique des parcelles nécessaires et donne ainsi le feu vert au transfert : Louvain-La-Neuve se programme !
Le projet : une université aux champs ?
L’Université acquiert en fin de compte 920 hectares. Dès le départ, un consensus s’établit entre le Conseil académique et l’administration ottintoise autour de la création d’un centre urbain.
Cela dit, les références manquent sérieusement en la matière puisque la dernière expérience d’implantation d’une cité dans nos régions remonte à la fondation de Charleroi en 1666.
Les objectifs sont toutefois rapidement cernés. Deux d’entre eux, en particulier, président à l’élaboration du plan directeur : la fonctionnalité universitaire et la qualité de la vie.
Le projet ne vise en aucun cas à créer un campus-ghetto à la campagne. Il cherche au contraire à intégrer l’ensemble des bâtiments académiques dans un tissu urbain de densité, appelé à s’insérer dans une collectivité locale, voire régionale. La configuration du paysage donne tout naturellement une orientation aux urbanistes et architectes dans la réalisation du « grand dessein ».
La capacité de la ville est fixée à 40 000 habitants, à distribuer sur une superficie de 350 hectares, soit à la dimension de l’« homme-piéton ». Une dalle artificielle recouvre le vallon et sert de support au noyau de la cité.
En surplomb, quatre quartiers — le Biéreau, l’Hocaille, les Bruyères et Lauzelle — sont appelés à garnir les versants de la vallée. La mobilité repose sur deux réseaux de circulation indépendants : l’un réservé exclusivement au trafic automobile (en souterrain ou en périphérie), l’autre aux piétons.
Situés au nord, les 200 hectares du Bois de Lauzelle assurent le rôle de poumon vert. Enfin, à l’est, se positionne un parc scientifique de 160 hectares, garant d’un développement économique régional, d’une diversification du milieu urbain et de la recherche, moteur de l’université.